Si la défense et l'illustration de la langue française trouvèrent leurs champions, dès la Renaissance, parmi les hommes et femmes de lettres, poètes, écrivains, grammairiens… il est d'autres personnages, plus modestes en apparence mais qui se révélèrent tout autant nécessaires à la mise en valeur de notre patrimoine linguistique : les directeurs de journaux et principalement ceux du XIX e siècle. Car ces patrons de presse, créateurs des premiers organes de masse que furent les « feuilles », les « affiches », les « feuilletons », firent des mots imprimés leur arme, leur métier, leur raison d'être et devinrent les inventeurs d'un quatrième pouvoir. Surtout, ils portèrent loinjusque dans les capitales et les cours européenneset fortjusqu'au coeur de la moyenne bourgeoisie puis du peupleles lettres et la culture de l'écrit. Parmi eux, deux personnalités emblématiques oeuvrant au sein de ce milieu du journalisme naissant sont à signaler : le Parisien Louis François Bertin, dit Bertinl'Aîné (1766-1841), directeur du fameux Journal des Débats, et l'Angevin Louis Pavie (1782-1859), fils d'imprimeur, directeur des Affiches d'Angers. Les rapprochements entre ces deux « honnêtes hommes » (au sens que le Grand Siècle donnait à cette appellation), sont nombreux. Hommes de presse, hommes de culture, hommes politiques, mentors et pères de famille affectueux, chacun, dans son environnement propre, participa à la passation mouvementée entre l'Ancien Régime et l'époque contemporaine. Bertin l'Aîné et Louis Pavie 1 Les débuts de la presse L'on peut véritablement faire remonter la naissance de la presse en France en 1631, avec la Gazette 2 de Théophraste Renaudot, hebdomadaire de quatre pages, qui « avait pour rôle d'informer les lecteurs sur les nouvelles provenant de l'étranger, de