L’Etat doit-il tolérer ses ennemis ? Groupes illibéraux, communautés fermées et citoyens « déraisonnables » : portée et limites de la tolérance libérale - Université d'Angers Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2019

L’Etat doit-il tolérer ses ennemis ? Groupes illibéraux, communautés fermées et citoyens « déraisonnables » : portée et limites de la tolérance libérale

Résumé

Dans cette communication, je souhaiterais interroger la portée et les limites de la tolérance libérale telle qu’elle est définie dans la théorie politique contemporaine. Il s’agira ainsi de se demander dans quelle mesure l’espace public libéral, en tant que lieu où se déploient potentiellement des adversaires politiques disposant des mêmes droits et libertés, peut véritablement être accueillant envers l’altérité, donc envers des groupes illibéraux. Cette question est fortement débattue chez les penseurs libéraux et je me propose dans un premier temps de restituer la palette de leurs positions. Mon objectif sera de montrer qu’il existe d’importantes différences dans le degré de tolérance déployé par les auteurs concernés. Je rappellerai la position des libéraux perfectionnistes qui, tel Crowder, insistent sur la nécessité pour l’Etat libéral de promouvoir des valeurs spécifiques et de défendre une conception non-négociable du bien commun. A l’inverse, des libéraux plus « pluralistes », tel Galston, prônent la cohabitation d’un nombre maximal de groupes ou de communautés, la seule condition d’acceptation dans l’espace public libéral étant la tolérance mutuelle et la possibilité pour les membres de ces groupes de disposer d’un « droit de sortie ». Cela me conduira à l’autre extrémité du spectre, là où des penseurs comme Gray, Horton ou Kukathas (avec son modèle d’un « archipel libéral ») réclament une tolérance presque absolue, demandant à ce que l’Etat demeure résolument neutre et n’intervienne en aucun cas pour infléchir les préférences culturelles, politiques et morales des citoyens, y compris si elles sont illibérales. Mais je me demanderai alors si cette approche par le modus vivendi n’implique pas la coexistence de groupes fermés à l’altérité, à la manière de ceux qui composent la communauté d’utopies autrefois imaginée par Nozick. Dans un second temps, il me semble intéressant de me pencher sur un cas spécifique et incontournable, à savoir le traitement chez Rawls des idées ou des individus jugés « déraisonnables ». Face à l’injonction de reléguer dans la sphère privée les positions ou les doctrines dites « compréhensives » (celles qui prétendent à une vérité intransigeante), il faut se demander quel sort est promis à ceux qui refusent de collaborer dans le cadre de la « société bien ordonnée ». Cet aspect problématique de la pensée rawlsienne, très débattu actuellement, me servira en quelque sorte de modèle-type pour réfléchir à la façon dont la tolérance libérale pose et assume ses propres limites.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02470175 , version 1 (07-02-2020)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02470175 , version 1

Citer

Erwan Sommerer. L’Etat doit-il tolérer ses ennemis ? Groupes illibéraux, communautés fermées et citoyens « déraisonnables » : portée et limites de la tolérance libérale. Tolérance(s) - Comment définir la tolérance ?", Oct 2019, Nice, France. ⟨hal-02470175⟩
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