"La violation de contrat, et après ?" Le cas de la grève des pilotes d’Air France
Résumé
Les changements structurels du secteur aérien sont à l’origine d’une nouvelle donne qui semble aujourd’hui bousculer le contenu du contrat social et, avec lui, celui des contrats psychologiques d’une catégorie atypique de salariés. Les pilotes sont en effet de véritables acteurs stratégiques de l’entreprise qui, historiquement, maîtrisent une large part de ses zones d’incertitude. Néanmoins, celles-ci semblent réduites par les évolutions technologiques et organisationnelles qui ont aussi pénétré les cockpits. Nous tenterons d’élucider le conflit social qui a opposé, lors de l’automne 2014, les pilotes de la compagnie de transport aérien Air France, à sa direction. Cette grève, qualifiée d’historique par la presse, sera replacée dans le contexte du développement d’un nouveau business model modifiant la donne sociale. Afin de couvrir les mutations de la compagnie -et l’impact sur ses salariés-, nous avons procédé à une analyse des articles du quotidien Le Monde et du journal économique Les Echos de 1994 à 2014. Cette première approche a été complétée par des entretiens exploratoires conduits auprès de quelques personnels Air France et nous a permis d’identifier la possible pertinence du cadre théorique du contrat psychologique. L’analyse présentée dans cette communication permet de tester cette hypothèse. Elle porte sur un corpus de 109 tracts et bulletins syndicaux diffusés par les trois syndicats de pilotes Air France sur la période août 2014 à janvier 2015. Les particularités de ce conflit permettent d’interroger, d’un point de vue théorique et managérial « l’après » d’une violation de contrat.