, avait inspiré Du Bellay et trouvait maintenant de nombreux interprètes en ce début du dix-neuvième siècle. Ainsi, Victor Hugo dans son poème « Bièvres » des Feuilles d'automne : Oui, c'est bien le vallon ! le vallon calme et sombre ! Ici l'été plus frais s, Cette fibre lyrique qui prend sa source chez les poèmes pastoraux antiques de Virgile (notamment Les Bucoliques)

, Ici durent longtemps les fleurs qui durent peu

, Une rivière au fond ; des bois sur les deux pentes

D. Là and . Ormeaux,

, Des prés, où le faucheur brunit son bras nerveux

. Là, des saules pensifs qui pleurent sur la rive, p.35

, Sainte-Beuve fait encore un parallèle entre la « défense de la langue française » énoncée d'abord en prose par Du Bellay puis manifestée en vers dans ses odes et ses sonnets et le fait que Chateaubriand

, De nombreuses oeuvres ont témoigné de l'extraordinaire engouement des romantiques pour le Moyen-âge ou la Renaissance : après Walter Scott, l'instigateur du roman historique

L. Avec, Et encore ne parlons-nous ici que de la France alors que partout en Europe on retourne à ces sources passées pour régénérer la création littéraire, La poésie (Hugo, Musset, Lamartine?) et les études historiques (Charles Nodier

, Savez-vous que cette passion était sans limites ? Dumas se fit construire un petit château à Port-Marly. Hugo, lui, voulut acquérir, sur les conseils de la famille Pavie un château en Anjou, aux Ponts-de-Cé. L'affaire dura plusieurs mois voire plusieurs années et? tomba

, Dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle, cet élan s'essoufflera. Les Parnassiens (et leur credo de « l'art pour l'art »), les Naturalistes (et leur exigence de réel)

. Sainte-beuve, Notice sur Joachim du Bellay » dans OEuvres choisies de Joachim du Bellay, pp.p. XII-XIII, 1841.

V. Hugo and . Bièvre, Les Feuilles d'automne, p.1831

. Sainte-beuve, Notice sur Joachim du Bellay », Ibid., p. XV. leur raffinement désespéré) auront raison des Romantiques

. L'anjou, Si loin qu'il aille, si haut qu'il monte, il se souvient d'ici, et sème l'Anjou partout sur les sentiers de sa renommée, p.37

, Et l'éditeur mettait un point d'honneur à ce que ce fut un natif qui publiât le recueil, craignant « la honte d'une initiative étrangère

». La-«-douceur-angevine, É. Par-du, and . Bellay,

P. Beuve, Le critique interrogeait son ami d'Angers, dans une lettre d'octobre 1840 : La douceur angevine, dans ce joli sonnet, est-ce une locution du pays. Qu'est-ce que cette douceur ? Cela tient-il à l'air qu'on respire, à l'accent ? Donnez-moi votre sens, p.38

, fredonnant le sonnet joli, et d'avance tout entier à l'importante question dont vous me constituez le juge : de la douceur angevine, et de quelle est cette douceur ? » La suite de la missive fournissait à l'auteur de la notice les éléments qui lui manquaient : La locution de douceur angevine, qui termine le mémorable sonnet, peut paraître réclamer un petit commentaire, La réponse de Victor Pavie n'avait pas tardé : « Votre lettre m'a trouvé, p.39

. Sainte-beuve-lui-répondit, Mille grâces pour la douceur angevine, j'en profite pour illustrer mon commentaire. 40 » et il retransmit pratiquement à l'identique cette explication 41 . André Pavie, précisa, quant à lui

, L'épithète serait assez exacte, à condition qu'on s'abstienne de la traduire

P. Victor, . Prospectus, . Op, and . Cit, , p.3

, Lettre de Sainte-Beuve à Victor Pavie du 3 octobre 1840, p.364

. Sainte-beuve-augustin, Notice des OEuvres choisies de Joachim du Bellay

, Lettre de Sainte-Beuve à Victor Pavie du 8 octobre 1840, p.367

, ou du moins ce n'en est plus une, mais indépendamment de l'idée absolue et générale qu'un lecteur pur et simple pourrait se contenter d'y trouver, aux regards plus affectés d'un commentateur ou d'un critique, cette expression n'est pas dénuée d'une valeur relative et locale. Il existe en effet, sur notre compte une tradition de facilité puisée dans l'abondance de tous les biens de cette vie, dans la suavité de notre air et de notre sol, facilité féconde en hospitalité pour autrui, mais stérile pour notre compte, cela soit dit exclusivement de vous à moi, par le farniente qu'elle engendre. Andegavi molles,a dit César, vous le savez, ce dont douceur angevine me paraît une traduction libre

«. Mou, « favorable, propice, facile à labourer » et encore « flexible

, Souplesse et agilité de l'esprit, aptitude à garder la trace des impressions reçues, mélange harmonieusement équilibré d'activité et de nonchalance, prédisposition à aimer tout ce qui charme et enchante, tout ce qui rend la vie agréable et riante, telle est peut-être l'interprétation qu'on pourrait donner de ce dicton anonyme, le combinant en une paraphrase plus flatteuse que ne serait la traduction littérale, p.43

, Et il ajoutait, défendant le fort caractère des Angevins : ne serait-ce pas commettre un contre-sens historique, qui ferait tressaillir de colère, au fond de leur tombe, les ossements des Dumnacus, des Foulque Nerra, des Saint-Offange, p.44

, Quoi qu'il en soit, Du Bellay adorait sa région et composa nombre de poèmes sur le sujet

, Comme le démontrent cet extrait de l'ode « Aux dames angevines » : Plume, qui as d'une aile inusitée Depuis deux ans la France visitée

, Baisse ton vol, razant la fresche rive Où près d'Angers le cours de Maine arrive Va saluer d'un son mélodieux De mon Anjou les domestiques Dieux

. Ou-celui-ci, Anjou -Au fleuve de Loyre » O [?] Loyre, hausse ton chef ores Bien hault et bien hault encores, Et jette ton oeil divin Sur ce pays Angevin, Le plus heureux et fertile, Qu'autre où ton onde distille, Les louanges d

L. Dix-neuvième-siècle-est-le-siècle-du and . Portrait, Sainte-Beuve est d'ailleurs celui qui lui a conféré ses lettres de noblesse. Portraits, médaillons, camées, du passé ou contemporains, ils visaient à mieux faire connaître et l'auteur et l'oeuvre. La réédition d'oeuvres choisies de Du Bellay s'inscrit dans ce courant mais d'une façon encore plus authentique, vol.45

. Le-parrainage-de-sainte, Beuve donna au projet une dimension quasi « nationale », et procura confiance à Victor Pavie. Le jeune imprimeur d'Angers ne pouvait s'empêcher de regarder cet ouvrage comme étant véritablement son « oeuvre

P. André, . Op, and . Cit, , pp.187-188

. Id,

D. Hélène, Portraits en phrases -Les recueils de portraits littéraires au XIXe siècle, PUF coll. Écritures, 1997.

, Voilà comme quoi et par quelle double analogie s'élève en ce moment au pays de Du Bellay son monument 46 dressé par la main d'un compatriote, avec une épitaphe écrite par la main d'un poète, p.47

, André Pavie s'écria : « Quelle folie aussi de s'associer, deux poètes et un sculpteur, pour lancer

, Le critique confiait ainsi à la fin de sa notice : Mais ce nous a été aujourd'hui une tâche très douce pourtant, que de revenir en détail sur lui, et d'en parler plus longuement, plus complaisamment que personne n'avait fait encore. Bien des réflexions à demi philosophiques nous ont été, chemin faisant, suggérées. Les écoles poétiques passent vite ; les grands poètes seuls demeurent, p.49

, Nous avons déjà dit, plus haut, que Pavie avait, dès 1834, caressé l'idée d'une réédition de

D. Bellay and . Et-s'en-Était-ouvert-À-sainte-beuve, Mais sans la volonté de Sainte-Beuve et son talent, l'ouvrage serait-il sorti ? Le jeune provincial romantique s'était lancé dans ce projet délicat, par goût littéraire, mais aussi parce qu'il voyait en Du Bellay comme un reflet de son existence : Du Bellay, sans le savoir, se souciait beaucoup moins des conquêtes de Henri ou des querelles du pape que d'un cygne qui se lamente, que d'une feuille qui tournoie, Ce fut donc bien lui l'instigateur du projet

, La description correspond tout à fait au comportement de Victor Pavie lui-même, à son esprit fantasque, et sa tendance à se réfugier dans la contemplation

, à la diffusion de ses idéaux esthétiques, en mettant à l'honneur un illustre prédécesseur comme Du Bellay, d'autres romantiques préféraient l'imitation créatrice. S'inspirant de l'esthétique et de l'imaginaire des ballades et autres pièces médiévales, un jeune Dijonnais, Louis Bertrand dit Aloysius Bertrand, monté comme tant d'autres, à Paris pour faire carrière et mort l'année précédente, était parvenu à ciseler de petits textes en prose poétique riches à la fois d'une atmosphère absolument moyenâgeuse et de promesses littéraires

, Un véritable monument, en bronze, sculpté par Adolphe Léofanti, et représentant Du Bellay debout face à la Loire

P. Victor, . Prospectus, . Op, and . Cit, , p.6

P. André, . Op, and . Cit, , p.194

«. Sainte-beuve, ». Notice-sur-joachim-du-bellay, and I. ,

, Allusion au poème de Du Bellay « D'un vanneur de blé aux vents » dans Divers jeux rustiques, p.1565

D. Sainte-beuve, Angers furent les amis sur qui Victor Pavie put s'appuyer pour