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Oracle Night est un ouvrage labyrinthique à l’agencement éclaté. Son personnage principal, Sidney Orr, achète un carnet mystérieux et reprend peu à peu le chemin de l’écriture après une longue hospitalisation. Narrateurs et personnages consignent tour à tour leurs récits dans des supports et des espaces enchâssés, archivant le témoignage (personnel, collectif, imaginaire ou historique) de façon détournée et oraculaire. Les cadres de représentation s’enchevêtrent dans une mise en abyme vertigineuse, soulignant la nécessité d’un discours distancié pour évoquer l’imprésentable. La poétique de Paul Auster, fondée sur un travail d’excavation et d’enfouissement linguistique, éclaire son traitement de l’inarchivable dans la fiction. Cet article explore l’inscription du témoignage historique par le biais du collage, de la réécriture, de la fragmentation, de l’ellipse, de la métalepse, de remaniements chronologiques et de polyphonie, participant à l’élargissement du champ d’action de l’écrivain après 1945. Les attentats du 11 septembre 2001 affleurent ici en négatif et à contretemps.