L’histoire des images miraculeuses est, après l’épreuve critique de leur validation par les autorités, une résistance au passage du temps, à la routine et à l’oubli. Au fil des années, l’effigie signalée par un ou plusieurs prodiges se fond dans le décor, sauf à actualiser, régulièrement, ce qui la distingue de toutes les images environnantes. Un tel défi se lit dans les gravures de l'époque moderne qui représentent une Notre-Dame milanaise, la Madone de Santa Maria presso San Celso. Le 30 décembre 1485, l’image de la Madone vénérée dans un oratoire voisin de la basilique de San Celso s’anime, la Vierge soulevant et déposant le voile qui recouvre l’effigie. L’apparition est suivie de nombreux miracles et donne lieu à la naissance d’un sanctuaire de pèlerinage de renommée européenne. Les témoins du premier prodige ont vu la Vierge nimbée de lumière leur tendre les bras ; mais le miracle a lieu une seule fois. La reproduction de l’image miraculeuse sur la longue durée nous permet de suivre les variations de l’effigie sur le temps long de la dévotion. De l’image ou du miracle, que représentent ces gravures, et par quels choix figuratifs ? Les images de piété vues en série présentent l’intérêt de révéler des décalages entre l’effigie originale et la reproduction, ainsi que des mutations progressives, d’une copie à l’autre.