Les dermatophytes : d’où viennent-ils ? Comment sont-ils devenus des parasites ? - Université d'Angers Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Journal of Medical Mycology = Journal de Mycologie Médicale Année : 2008

Les dermatophytes : d’où viennent-ils ? Comment sont-ils devenus des parasites ?

Résumé

RésuméLes dermatophytes constituent une flore importante et variée dont le point commun est de se développer au dépens d’un substrat privilégié : la kératine, protéine complexe entrant dans la composition de la peau et des phanères de l’homme et des animaux. On a déjà depuis longtemps émis l’hypothèse (et cela se confirme dans les études actuelles sur la phylogénie de ces champignons) que les dermatophytes ont pour origine le sol, que les espèces pathogènes rencontrées chez l’homme descendent d’ancêtres issus aussi du sol. C’est effectivement dans le sol où l’on retrouve leur stade téléomorphe (sexué) appartenant au genre Arthroderma. Les études moléculaires récentes, qui font remonter l’origine du parasitisme chez les dermatophytes à environ 50 millions d’années après l’émergence des mammifères, révèlent d’intéressantes découvertes sur le cheminement de ces espèces. Le passage du sol à l’animal puis à l’homme, ou du sol directement à homme, semblent être l’évolution phylogénique de ces champignons. On constate que l’engagement parasitaire entraîne une perte progressive de la reproduction sexuée, une raréfaction de la conidiogénèse et une relative tolérance du champignon par son hôte. Malgré le bien-fondé de la classification épidémiologique traditionnelle des dermatophytes entre géophiles, zoophiles et anthropophiles, les dendrogrammes de phylogénie, révèlent d’étonnantes relations entre les dermatophytes et leur ancêtre commun. Nous pouvons proposer une autre classification selon leur proximité ou non avec le sol. On peut ainsi distinguer, chez les dermatophytes devenus pathogènes deux catégories de descendants : (1) ceux qui restent liés (ou proche) du sol, ces derniers ont encore une reproduction sexuée, une conidiogénèse importante, une capacité à produire des organes perforateurs, une indépendance vitaminique, une activité uréasique, et d’autres caractéristiques cliniques et épidémiologiques. À titre d’exemple citons Microsporum gypseum, Microsporum canis et les espèces zoophiles du complexe Trichophyton mentagrophytes ss. lat. ; (2) les espèces éloignées ou non liées au sol, incluant des zoophiles et tous les anthropophiles engagées résolument vers un parasitisme quasi obligatoire. Ce sont ces derniers qui perdent progressivement les caractères telluriques : T. verrucosum, M. audouinii, T. rubrum, T. tonsurans, T. soudanense et T. interdigitale. L’évolution clonale des dermatophytes parasites chez l’homme aboutit par des processus de « spéciations » à une diversification des espèces anthropophiles. Il est intéressant de constater que, malgré l’absence de reproduction sexuée chez ces anthropophiles stricts, leurs descendants sont capables non seulement de se maintenir mais de se propager intensément dans les populations humaines, l’exemple du complexe T. rubrum est à ce sujet exemplaire. Les dermatophytes représentent, en mycologie médicale, un excellent modèle d’évolution vers le parasitisme.

Dates et versions

hal-03134749 , version 1 (08-02-2021)

Identifiants

Citer

Dominique Chabasse. Les dermatophytes : d’où viennent-ils ? Comment sont-ils devenus des parasites ?. Journal of Medical Mycology = Journal de Mycologie Médicale, 2008, 18 (1), pp.27 - 35. ⟨10.1016/j.mycmed.2007.12.002⟩. ⟨hal-03134749⟩

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