Résumé : La conception de la lecture que Mauriac trouva chez Proust rejaillit sur sa propre lecture de Proust. Ses réactions reflètent les inflexions d’approches de la littérature qui lui sont contemporaines – avec toute l’indépendance inhérente à la pratique d’une critique de créateur et non de théoricien. Autant que par la présence de Mauriac à la vie intellectuelle de son temps, ces convergences s’expliquent par l’influence séminale qu’il a reçue de l’auteur de la Recherche, à l’instar de nombreux grands critiques du XXe siècle. On n’oubliera pas que son émerveillement naquit d’un texte dédié à la lecture de l’oeuvre d’autrui, écrit en introduction d’une conférence de Ruskin sur la lecture. Le visage d’un Proust maître à lire se dessine en
filigrane des lignes que lui consacre Mauriac. Si l’élève échappe vite au rôle de thuriféraire, il se montre, en cela aussi, fidèle à ce qu’il a reçu.