Gilles Ménage, un angevin dans la langue - Université d'Angers Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue 303 : arts, recherches et créations Année : 2012

Gilles Ménage, un angevin dans la langue

Résumé

Le portrait peu flatteur que trace Molière dans Les Femmes savantes de l'érudit Vadius a au moins l'avantage de nous révéler deux traits sur celui qui lui servit de modèle, Gilles Ménage : il nous montre d'une part que ce savant, féru de langues, n'était pas qu'un homme de cabinet mais partageait son savoir dans le monde ; il nous indique d'autre part que ce provincial débarqué à Paris après des études de droit, puis une entrée dans les ordres, avait pu se faire dans les milieux parisiens une place suffisamment reconnue pour que les spectateurs contemporains de Molière décryptent sans difficulté son identité derrière le personnage de comédie. Sans doute une telle notoriété n'est-elle pas qu'élogieuse : l'historiette que Tallemant des Réaux consacre à Ménage-mais c'est un peu la loi du genreempile les anecdotes dévoilant sa vanité et ses nombreuses querelles 1 , enchaînant les noms de ceux que ses attaques ou son irrésistible goût pour les bons mots a pu atteindre : le poète Montmaur, Boisrobert entre autres académiciens, Gombaud, sans oublier son propre protecteur, le futur cardinal de Retz. Opposé à un d'Aubignac ou un Bouhours, il n'hésite pas à intituler un de ses ouvrages l'Anti-Baillet : il y critique le livre de cet auteur qui l'avait, selon lui, traité avec trop peu d'égard dans son Jugement des savants. La vérité est sans doute entre ce qu'en dit Tallemant et ce qu'en retient le Menagiana, composé et enrichi après la mort de l'érudit par un entourage soucieux de ne pas voir disparaître ses bons mots : entre Tallemant qui fait de Ménage une figure superlative du « mesdisant », et l'attention bienveillante de ses amis à son art de la conversation 2 , on perçoit que les compétences de Ménage concernent particulièrement la langue et son usage. Parisien par choix-car c'est dans la capitale qu'une vraie carrière est possible dans le monde des Lettres-Ménage, né en 1613 à Angers, est un abbé bien mondain, fréquentant les salons où il côtoie d'illustres écrivaines, écrit des vers, rassemble autour de lui des savants ou au moins des connaisseurs dans le cadre de ses réunions du mercredi, les Mercuriales. Cette carrière fondamentalement parisienne ne l'empêche pas de garder des liens avec son lieu de naissance : plusieurs de ses travaux linguistiques se servent en quantité notable des manières de parler propres à l'Anjou pour étayer leurs développements 3. Le milieu angevin ne se limite d'ailleurs pas à un souvenir utilitaire, des échanges ont persisté entre Ménage et les savants séjournant dans sa province d'origine jusqu'à la fin de sa vie. Le roman du savant angevin. De ces liens témoignent plusieurs faits, vrais ou arrangés, qui concernent l'institution savante de l'Académie d'Angers qui naît en 1685. Il s'agit d'abord des conditions de la
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hal-03377355 , version 1 (06-07-2022)

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  • HAL Id : hal-03377355 , version 1
  • OKINA : ua6872

Citer

Isabelle Trivisani-Moreau. Gilles Ménage, un angevin dans la langue. 303 : arts, recherches et créations, 2012, 120, pp.40-45. ⟨hal-03377355⟩
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