Résumé : Dans la littérature romantique, amour et maladie vont couramment de pair, et bon nombre d'héroïnes succombent à une maladie impitoyable, la phtisie, souvent associée à l'amour pur et noble (alors que les maladies vénériennes caractérisent des relations douteuses). Ce constat est le point de départ de mon étude, qui, sans négliger le poids des réalités sanitaires, propose une autre explication, tenant à la représentation romantique de l'amour. Fondée sur l'idéalisation des êtres et la négation des corps, elle rend problématique l'expression du désir et la concrétisation charnelle. La maladie serait donc un moyen d'exprimer physiquement cette contradiction et la souffrance qu'elle suscite. Par ailleurs, la mort (par quelque maladie que ce soit) est un moyen de clôturer tragiquement la relation amoureuse en pleine akmè, et d'éviter ainsi le problème de la durée, du mariage et du prosaïsme. Il s'agirait donc d'un choix esthétique.