Féerie pour un scandale : l’art et la morale dans Lolita (1958) de Vladimir Nabokov
Résumé
L’apothéose morale du personnage narrateur Humbert Humbert consiste en une mise en récit d’actes transgressifs, la pédophilie et l’inceste. Comment réconcilier l’art et la morale ? Dans la préface de Lolita, V. Nabokov pose, par l’entremise du préfacier fictif John Ray, un regard ambigu où le moralisme et le scientisme du clinicien s’entremêlent. Dans la postface rédigée par V. Nabokov, l’auteur revendique ouvertement ses choix esthétiques et affirme que Lolita n’est pas porté par une intention morale. La lecture détaillée de la postface révèle un auteur en butte au scandale qui éclate. Les choix poétiques sont donc explicités. La jouissance esthétique propre à l’art transcende ainsi le moralisme. V. Nabokov fait montre d’un formalisme rigoureux qui met en avant la pureté de l’art et son hétéronomie. Un mouvement dialectique fait vaciller les assises morales du lecteur confronté à l’immoralité du texte. Les arguments spécieux du narrateur font de Lolita un chef-d’œuvre de casuistique. Lolita propose au lecteur une surmorale qui trouve à s’exercer dans le sanctuaire de l’art.