Les derniers siècles du Moyen Âge et l'Ancien Régime ont connu une intense circulation processionnelle, au point que l'on considère parfois la procession comme le " rituel vedette " des XVe et XVIe siècles. Par sa récurrence, la procession constitue une réalité familière qui permet au corps social de manifester à chaque fois son unité et sa cohésion, à l'échelle d'une paroisse ou de l'ensemble d'une communauté d'habitants. Pendant de nombreux siècles, les rues d'Angers ont résonné du bruit des processions, notamment celle de la Fête-Dieu instituée dans toute la chrétienté en 1264. Le Grand Sacre d'Angers n'est pas attesté avant 1327. Au vu du silence des sources sur le déroulement de la procession jusqu'à la fin du XVe siècle, il est fort vraisemblable que la cérémonie devait encore présenter une relative modestie et que le déploiement du faste de l'époque moderne n'a pas de racines très anciennes. Comme toute procession, le Sacre d'Angers avait un itinéraire défini, resté immuable jusqu'à la suppression de cette manifestation religieuse à l'époque de la Révolution. Pour bien saisir la signification du trajet, l'étude analyse dans un premier temps les itinéraires des autres processions générales, selon une typologie qui distingue cortèges ordinaires et extraordinaires. Dans un second temps, l'itinéraire atypique du Sacre est étudié avant d'être comparé avec ce que l'on sait des trajets suivis par les processions de la Fête-Dieu dans les villes de France et des pays voisins.